Petits contes cruels


Le quotidien est au centre de la série Les Maternelles, que présente le Belge Koen Theys à la galerie Xippas en même temps qu'au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Theys ne touche à rien, ne reconstitue rien. Il photographie des classes de maternelle quand les enfants sont partis. Mais c'est dans les fragments retenus qu'il transforme ces lieux de vie sonores en théâtres silencieux de la cruauté. Dans les dessins au mur, les poupées désarticulées, les figures grotesques, il n'est question que de crimes, de viols, de violence, de sang, de pendaisons, de rejets.

Avec cette approche sociologique et psychanalytique - a-t-on encore envie de mettre ses enfants à la maternelle? Qu'ont-ils dans la tête, ces petits? - Theys délivre une belle allégorie sur la perte de l'innocence que révèlent ces travaux d'enfants et sa façon de les cadrer. Car sa force est de ne pas en rajouter - à la différence de nombreux photographes d'aujourd'hui - dans les couleurs glauques et les détails sordides de radiateurs, leur préférant un humour assez poétique.


Michel Guerrin – Le Monde
07.02.2000

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